La douche nasale est issue de la tradition ayurvédique, née en Inde il y a des milliers d’années. Le lavage du nez y est une pratique quotidienne d’hygiène personnelle. Jala neti est le terme employé pour désigner ce lavage du nez. Il est pratiqué avec un petit récipient à bec verseur dont la forme rappelle celle de la lampe d’Aladin et qui se nomme lota.

En sanskrit, lota signifie « récipient », jala signifie « eau » et neti signifie « nettoyage du nez ». Jala neti est donc le lavage du nez avec de l’eau.

Selon l’Ayurveda, qui signifie « science de vie et de longévité », le lavage nasal permet à la respiration de rester fluide et régulière pour faciliter notamment la méditation pendant le yoga et pour une meilleure clarté mentale. Il permet d’éliminer les excès de mucus et les corps étrangers présents dans les sinus.

Au début du XIXe siècle, en Europe, on trouvait des pots et des seringues pour le rinçage du nez dans les pharmacies. La pratique est tombée en désuétude jusqu’au début des années 70, quand un intérêt accru pour le yoga a remis cette pratique à l’ordre du jour.

Aujourd’hui, de nombreux médecins redécouvrent les bénéfices de la méthode et la recommandent : « le rinçage du nez améliore la santé globalement » selon le Prof. Dr. Thomas Schmidt, de l’Université Médicale de Hanovre.

Rôle du nez

Le nez a trois fonctions : respiratoire, immunitaire et olfactive.

La muqueuse nasale réchauffe et humidifie l’air extérieur, lorsque celui-ci est trop sec et trop froid, afin de le rendre respirable pour les poumons. La couche de mucus qui tapisse la muqueuse intercepte les impuretés, puis, comme avec un système de tapis roulant, des cils vibratiles évacuent les impuretés et le mucus pollué vers le pharynx ou à l’extérieur via le mouchage.

Si les narines sont bouchées ou si les couches de mucus sont abondamment recouvertes d’impuretés, le nez ne peut plus remplir ses fonctions, c’est pourquoi il est nécessaire de se moucher afin de dégager ces impuretés et permettre au nez de fonctionner correctement.

Quand le nez est bouché, nous respirons par la bouche, ce qui n’est pas l’idéal. La bouche et la gorge ont certes les moyens de lutter contre les impuretés et de réguler l’air, mais ils ne sont pas aussi efficaces que ceux dont dispose le nez.

Le lavage va donc permettre au nez de fonctionner correctement et de remplir ses fonctions.

La douche nasale permet de rétablir l’humidité naturelle des muqueuses et active les cils, de sorte que mucosités, poussières, pollens, virus et bactéries soient efficacement éliminés, ce qui maintient ainsi le système de défense de la sphère ORL en parfait état.

On trouve aujourd’hui dans les pharmacies ou dans les magasins bio une gamme étendue de lotas. Ce récipient, à l’origine en céramique ou en cuivre, est aujourd’hui souvent en plastique, et son coût est minime.

Concrètement, comment faire ?

C’est très simple. Matériel nécessaire :

  • un lota ;
  • de l’eau tiède à 33° C environ ;
  • du sel gris non raffiné ou de la fleur de sel (la fleur de sel a une teneur en sodium plus faible).

La solution doit être dosée comme le sérum physiologique, soit 9 grammes de sel par litre d’eau. Ce dosage respecte le pH des fosses nasales et son emploi permet une douche nasale confortable. Attention, l’eau froide ou l’eau non salée irrite les muqueuses nasales.

  1. Verser une cuillerée à café rase de sel (3 g) dans le lota ou mieux, utiliser la cuillère doseuse vendue avec le lota, c’est pratique et plus précis.
  2. Remplir le lota avec de l’eau tiède. Agiter afin de dissoudre complètement le sel.
  3. Pencher légèrement la tête vers l’avant, au-dessus du lavabo, le menton rentré dans la poitrine (double menton).
  4. Tout en gardant le menton rentré, tourner la tête sur le côté et appliquer l’embout du lota contre la narine qui se trouve tournée vers le haut en appuyant légèrement afin d’éviter les fuites. Respirer par la bouche : il est impossible de respirer par le nez pendant le passage de l’eau. L’eau coule dans une narine et s’évacue par l’autre. Commencer par la narine la moins bouchée.
  5. Quand la moitié de l’eau s’est écoulée, retirer le lota et redresser la tête. De l’eau va s’écouler du nez : pour le vider complètement, boucher une narine et souffler doucement par l’autre, puis répéter l’opération de l’autre côté. Ne pas souffler trop fort sinon les oreilles se bouchent : je conseille souvent de boucher l’oreille du côté de la narine qui évacue l’eau.
  6. Verser le reste d’eau dans l’autre narine et procéder de la même façon.
  7. Une douche nasale efficace nécessite un séchage parfait des fosses nasales.
    Il n’est pas bon qu’il y reste de l’eau, surtout en hiver, cela peut engendrer un refroidissement ou un rhume.

Il faut vider l’eau complètement et se sécher le nez.

Pour cela, se pencher en avant et souffler par les deux narines à la fois, d’une manière légèrement saccadée, en dirigeant la tête vers le bas, puis à droite, puis à gauche.

Si nécessaire, moucher en douceur une fosse nasale après l’autre.

Pour finir, se remettre droit et faire entrer et sortir l’air plusieurs fois dans chaque narine afin de bien « sécher » le nez.

La douche nasale peut être pratiquée par les enfants (dès qu’ils en sont capables) comme par les adultes. D’ailleurs, quand on instille dans le nez d’un bébé enrhumé quelques giclées de sérum physiologique, on pratique une douche nasale à minima.

Quelques conseils :

  • En cas de nez bouché ou obstrué, la douche nasale est difficile car l’eau ne s’écoule pas ou très lentement. Il faut s’armer d’un peu de patience, l’eau va progressivement dissoudre les mucosités et finira par s’écouler. Si besoin, arrêter et souffler comme pour se moucher, puis recommencer : peu à peu l’eau s’écoulera plus abondamment.
  • Si l’eau atteint la gorge, ce peut être le fait d’avoir le nez bouché. Baisser la tête encore plus, de manière à ce que le menton s’approche davantage de la poitrine. Ne pas oublier de respirer par la bouche et éviter d’avaler.
  • Si l’eau pique le nez, soit il y a trop de sel dans l’eau soit il n’y en a pas assez. Utiliser de préférence la cuillère doseuse vendue avec le lota et bien remuer jusqu’à ce que tout le sel soit dissout.
  • Pour un nettoyage plus complet, en cas de gros rhume par exemple, on peut utiliser un lota entier pour chaque narine. Deux sont parfois même nécessaires pour dégager le nez. Répéter l’opération aussi souvent que nécessaire au cours de la journée. Lors d’un gros rhume, après le nettoyage du nez, on reste beaucoup plus longtemps sans avoir besoin de se moucher.

Peut-on ajouter autre chose à l’eau salée ?

Traditionnellement le nettoyage du nez se fait à l’eau salée. Cependant, il peut être intéressant d‘ajouter au sel de l’argile, du chlorure de magnésium ou de l’huile.

Argile verte surfine ventilée

Je conseille toujours d’ajouter aux douches nasales, surtout en période de rhume, un peu d’argile verte surfine ventilée. Pour qui connaît les merveilleuses vertus thérapeutiques de l’argile, rien d’étonnant. En effet, l’argile entrave la prolifération des microbes ou bactéries pathogènes tout en favorisant la reconstitution cellulaire saine. On retrouve une similitude apparente d’action entre l’argile et les antiseptiques. Mais un antiseptique est un produit mort qui détruit le mauvais et le bon, le sain et le malsain. Certes les germes pathogènes sont anéantis, mais les éléments reconstructifs ne sont pas épargnés. L’argile est une substance vivante, douée de l’intelligence bienfaisante de la nature : elle va là où est l’inflammation et s’y fixe pour finalement permettre l’évacuation du pus et autres hôtes indésirables.

On utilisera l’argile en même quantité que le sel, soit une cuillère doseuse (ou 1 c à café rase) d’argile.

Chlorure de magnésium

Le chlorure de magnésium possède une action immunostimulante en augmentant le pouvoir phagocytaire des leucocytes (globules blancs). Selon le Professeur Delbet, le chlorure de magnésium exalte la vitalité des cellules pour qu’elles puissent triompher des microbes.

Ajouter dans le lota 1/2 cuillère doseuse ou 1/2 cuillère à café rase de chlorure de magnésium ou mieux, de sel de nigari (cristal naturel de chlorure de magnésium marin non purifié). Il est possible d’alterner argile et chlorure de magnésium.

Huile

En cas de muqueuse sèche, par exemple après un long voyage en avion, vous pouvez ajouter une goutte d’huile d’amande douce ou d’une autre huile végétale, par exemple huile d’olive ou huile d’avocat… en tout cas toujours une huile biologique vierge de première pression à froid.

Indications

  • Rhume
  • Sinusite
  • Nez bouché, sec ou qui coule
  • Gêne respiratoire
  • Respiration buccale
  • Allergies
  • Asthme
  • Perte de l’odorat
  • Abcès dentaires (une sinusite chronique asymptomatique peut être à l’origine d’un abcès dentaire)
  • Ronflement : pour le contrer, se rincer le nez avant de se coucher.
  • Après passage dans une atmosphère poussiéreuse (travaux par exemple) ou enfumée
  • Sevrage tabagique : le lavage de nez peut être une aide.

Fréquence des lavages de nez

L’Ayurveda recommande de pratiquer quotidiennement le jala neti ou lavage du nez.

Cependant, chacun décidera de la fréquence en fonction des besoins. Certains se rincent le nez le matin, ce qui permet d’éliminer le mucus accumulé pendant la nuit et de commencer la journée frais et dispos ; d’autres préfèrent le faire le soir, surtout intéressant quand on travaille dans une atmosphère poussiéreuse ou polluée.

En période de rhume ou de sinusite, le lavage pourra avoir lieu plusieurs fois par jour. Il apporte un réel confort et peut, à lui seul, permettre à l’organisme de rétablir l’ordre. Cependant quand tout va bien, il ne me semble pas nécessaire de le pratiquer chaque jour.

Des études prouvent les bienfaits d’une courte utilisation

Selon les données de la Société allemande d’oto-rhino-laryngologie et de chirurgie de la tête et du cou, le mécanisme du lavage nasal avec du sel consiste à améliorer « la clairance muco-ciliaire par une fluidification de la sécrétion nasale ». Par ailleurs, la solution tiède permettrait de resserrer les vaisseaux et de décongestionner le nez. C’est pourquoi la société d’experts recommande le lavage nasal en tant qu’option de thérapie non pharmacologique comme « ligne de conduite en cas de rhino-sinusite ».

Cependant, selon certaines études, les lavages de nez pratiqués pendant des mois augmenteraient massivement le risque d’infections.

Une étude présentée par le Prof. Dr. Talal M. Nsouli du Georgetown University Hospital School of Medicine souligne qu’il se pourrait qu’utiliser la solution saline quotidiennement sur une longue période ne soit pas sain. Soixante huit patients, tous atteints de rhino-sinusite chronique et pratiquant un lavage nasal quotidien, participèrent à cette étude. Pendant 12 mois, ils s’adonnèrent à cette procédure 2 fois par jour puis arrêtèrent complètement pendant 12 mois. Un groupe de contrôle constitué de 24 personnes utilisa la solution saline une fois par jour au-delà de 12 mois.

Contrairement à ce que l’on attendait, les volontaires qui ne pratiquaient plus de lavage nasal souffraient beaucoup moins de rhino-sinusites aigües que les autres.

L’allergologue Nsouli nous livre une simple explication à ce sujet : la muqueuse nasale est non seulement une source de sécrétion du mucus mais constitue également la première barrière de défense contre les agents pathogènes. « Si on rince ce mucus 2 fois par jour avec du sel, on dépouille alors son nez de ses défenses immunitaires ». Le médecin ne s’oppose pas à un lavage nasal fait 1 à 2 fois par jour sur une semaine mais met en garde contre la pratique régulière sur une plus longue période. L’équipe Nsouli projette d’ores et déjà de réaliser une étude plus large afin de valider ces résultats.

Comme toujours le bon sens et la tempérance sont de mise. Lors d’une infection, un nettoyage à l’eau salée, avec éventuellement un peu d’argile ou de chlorure de magnésium, est une excellente solution pour rétablir l’équilibre de la flore naso-pharyngée et permettre aux « bonnes » bactéries de reprendre le dessus. C’est tellement simple que l’on a parfois du mal à imaginer que cela puisse suffire : simplissime et d’un coût à la portée de toutes les bourses.

En préventif, chaque fois qu’on la sent nécessaire, la douche nasale est également très utile.

Entretien du lota

En période d’utilisation, le lota se rince à l’eau chaude après chaque utilisation et se laisse sécher à l’air jusqu’à la prochaine douche.

Si une autre personne l’utilise, le rincer à l’alcool modifié ou au vinaigre blanc.

En cas d’utilisation régulière, il est souhaitable que le lota soit un objet personnel, au même titre que la brosse à dents.

Quelques marques de lotas (liste non exhaustive) :

  • Rhino horn, en plastique, vendu avec une cuillère doseuse.
  • NoseBuddy, en plastique transparent avec un trait de niveau pour l’eau, vendu avec une cuillère doseuse.
  • Ludmilla de Bardo, en plastique ou en grès.
  • Chin mudra, en porcelaine.

La plupart des lotas ont une contenance d’environ 300 à 350 ml. Certains lotas dits de voyage sont plus petits. Les lotas en plastique sont bon marché, ceux en porcelaine ou en grès sont de beaux objets, mais beaucoup plus fragiles. On les trouve en pharmacie, dans les magasins bio ou sur Internet.

Hélène Tranchant-Girard